Source : “Information : l’indigestion” (Benoit Raphael - Editions Eyrolles- 2023)

<aside> 💡 Note : pour les sources, elles sont dans le livre et il faudrait que je re-copie colle tout… donc je ferai ça plus tard si tu veux bien. Sinon tu peux acheter mon livre 😁)

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Pour comprendre un peu mieux ce phénomène, j’avais commandé en 2021 un sondage pour le compte de mon entreprise, Flint, auprès de l’IFOP. Voici les résultats :

73% des Français se sentaient submergés par l’information. 82% avaient le sentiment de voir passer trop d’informations inutiles. Mais surtout : 89% disaient voir toujours les mêmes informations.

Un an plus tard, la fondation Jean-Jaurès publiait une grande enquête sur la “fatigue informationnelle”. Selon ce nouveau sondage (qui employait la même méthode), 59% avaient un sentiment de “trop plein d’informations qui m’empêche de prendre du recul”. Moins qu’en 2021 ? Ou peut-être la formulation était plus précise ? Par contre sur le sentiment de voir passer les mêmes informations, ils étaient 85%. Mais sur les infos inutiles beaucoup moins (“53%”).

Tout ça nous aide à relativiser les sondages qui sont toujours très utiles lorsque l’on veut qu’ils soient utiles. Mais sur le fond ? Sommes-nous plus submergés d’informations qu’avant ?

Vous allez me répondre : c’est une évidence. Tout le monde peut observer facilement en ouvrant sa boîte mail ou en allumant son smartphone. “les Français n’en peuvent plus !” Et puis surtout, ça nous permet d’alimenter à l’infini nos penchants catastrophistes en mode “l’humanité va imploser”. Il y a tellement d’informations que notre attention est en permanence interrompue, notre cerveau incapable de réfléchir, et tout ça nous annonce des générations à venir de demeurés lobotomisés.

Vers l’infini du trop plein d’informations

A titre de preuve, les experts avancent aujourd’hui des chiffres tellement nébuleux et infinis qu’ils en deviennent absurdes. Mais, me direz-vous, forcément vrais puisque ce sont des chiffres, et que les chiffres ne mentent pas. Par exemple cette preuve par les chiffres systématiquement sortie du chapeau d’Internet dès que l’on aborde la question de l’infobésité, et que j’ai trouvée assez bien résumée dans un article du quotidien français Libération en 2012. Le titre est évocateur : “Données, le vertige”. Brrr…

“L'ancien PDG de Google, Eric Schmidt, estimait en 2010 que nous produisions tous les deux jours environ 5 exaoctets (Eo, soit 1018 octets) d'informations… soit autant «qu'entre le début de la culture humaine et 2003» !

Selon l'institut IDC, 1,8 zettaoctet de données (Zo, 1021 octets) a été créé en 2011. «L'information disponible à la surface de notre planète en 2020 devrait tourner autour des 40 Zo… Mais ces estimations sont rendues fausses d'année en année par les nouveaux usages», précise Jean-Yves Pronier, directeur marketing du gestionnaire de données EMC.”

En fait, en 2020, les chiffres ont même eu l’audace de grimper à 64Zo. Rapport à la pandémie qui a scotché l’humanité derrière son écran. Bon, 64Zo personne ne sait ce que ça veut dire en vrai mais tout ça a l’air de faire “beaucoup beaucoup” d’informations à digérer pour l’humanité. Qui va donc forcément perdre le contrôle un jour, si ce n’est pas déjà fait. Du coup ça fait peur.